Jean-Pierre Boudine (Auteur)
Professeur agrégé de mathématiques, Jean-Pierre Boudine est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont deux romans : Sur la route des terres rares et Le paradoxe de Fermi.
Dans son repaire situé quelque part à l'est de l'arc alpin, Robert Poinsot écrit. Il raconte la crise systémique dont il a été témoin : d'abord le salaire qui n'arrive pas, les gens qui retirent leurs économies, qui s'organisent pour trouver de quoi manger, puis qui doivent fuir la violence des grandes villes et éviter les pilleurs sur les principaux axes routiers. Robert se souvient de sa fuite à Beauvais, de son séjour dans une communauté humaniste des bords de la mer Baltique et des événements qui l'ont ramené plus au sud, dans les Alpes. Quelque part dans le récit de sa difficile survie se trouve peut-être la solution au paradoxe de Fermi, à cette célèbre énigme scientifique : dans un univers aussi vaste que le nôtre, l'espèce humaine ne peut pas être la seule douée d'intelligence ; alors où sont les autres, où sont les traces radio de leur existence ? Jamais auparavant l'effondrement de notre civilisation ne fut décrit de façon plus réaliste.
Note de lecture Tangente
Le paradoxe de Fermi a été énoncé en 1950 par le physicien italien Enrico Fermi. Le système solaire est très jeune comparé à des centaines de milliards d’autres systèmes stellaires. Parmi ceux-ci, ceux possédant des planètes susceptibles d’avoir pu accueillir la vie sont innombrables. La probabilité de l’existence d’êtres intelligents ayant pu développer une civilisation technologique au moins aussi avancée que la nôtre est donc théoriquement non négligeable. Pourquoi n’avons-nous jamais réussi à capter le moindre signal émis par de tels êtres ?
Le livre de Jean-Pierre Boudine, dont une première édition a été publiée en 2002 aux éditons Aléas, est un roman non pas de science-fiction, mais plutôt de politique-fiction, un conte philosophique qui met en scène un effondrement brutal de notre civilisation, entre 2022 et 2027. Le narrateur est un chercheur, spécialiste des insectes sociaux, qui en tenant un journal relate la suite d’évènements ramenant en quelques années seulement l’humanité à un stade préhistorique. C’est le système monétaire et banquier mondial qui, en s’effondrant, entraîne des catastrophes en chaîne. Les salaires n’étant plus versés, la production de biens s’enraye, les conflits entre États s’exacerbent jusqu’à l’utilisation d’armes nucléaires, avec les conséquences que l’on imagine sur un environnement déjà plus que dégradé. Il n’y a quasiment plus d’électricité, donc plus d’informations sur ce qui se passe partout dans le monde. Les humains se groupent en bandes pour survivre, selon un système proies–prédateurs.
Le long périple du narrateur le mène jusqu’en Scandinavie. Il intègre un groupe qui essaie, au milieu de la barbarie dominante, de conserver les connaissances techniques acquises, afin que l’humanité, si elle survit, ne reparte pas de zéro. Même cet ambitieux projet semble illusoire…
Au fil du récit, l’auteur nous livre une explication du paradoxe de Fermi. Il a existé et il existera sans doute de très nombreuses civilisations intelligentes, mais elles sont vouées rapidement à s’autodétruire, la nôtre atteignant précisément ce stade. À une échelle de temps compatible avec l’âge de l’univers, la probabilité que deux d’entre elles soient capables, dans la même courte période, d’émettre, de capter et d’interpréter des signaux est donc quasi nulle.
Marque éditoriale : FOLIO
Collection : Folio SF, 579
Romans et nouvelles de genre - Science-fiction
Texte en français