Présentation de l'éditeur
Les chiffres, omniprésents, posés comme donnés, semblent imposer une vérité laquelle nous devrions nous soumettre. Or il est temps de (re)trouver une capacité de les discuter, d'en déchiffrer les significations. Il est temps de se ressaisir de ces objets sociaux, pour retrouver une
capacité d'en débattre, un droit de les critiquer et une liberté de les redéfinir.
Chiffres de contamination, mesure de l'intelligence, nombre de chômeurs, score de popularité, montant de la dette publique, indicateurs de performance... Si les chiffres sont omniprésents dans nos sociétés, que nous disent-ils réellement ? De quoi parlent-ils exactement ? Davantage qu'une vérité sur le monde, ils révèlent nos besoins de nous coordonner, de trouver des manières de faire des choix et de disposer de conventions pour nous entendre. Ils nous parlent d'une multitude de choses qu'ils contribuent en permanence à créer. Fruits de l'activité humaine, ils expriment et matérialisent nos choix, nos valeurs, nos conventions : les chiffres sont des objets sociaux et humains, et non des données naturelles s'imposant à nous. Tout l'objet de cet ouvrage est ainsi de prendre la mesure des dimensions conventionnelles, sociales et politiques des chiffres, en identifiant les enjeux de pouvoirs auxquels ils sont associés. Ce déchiffrage permet de reprendre conscience des choix qui les fondent, de mieux comprendre leurs portées réelles et qu'ils doivent redevenir les objets politiques qu'ils sont en réalité, objets politiques qui doivent être aussi accessibles au débat démocratique. Il faut donc retrouver une capacité à déchiffrer les chiffres, en ne se laissant pas intimider par l'autorité que leur confère leur apparente naturalité ou les pouvoirs qui les promeuvent.
Note de lecture Tangente
Olivier Martin, statisticien et sociologue, est connu des lecteurs de Tangente pour son livre de 2020, L’Empire des chiffres, sociologie de la quantification (Armand Colin, 2020). Dans cet opuscule, Chiffre, il reprend dans un court texte dense et percutant l’essentiel de son propos : au-delà de la statistique proprement dite, tout chiffre, toute quantification du monde est politique. En science, ce qui ne se mesure pas n’existe pas. Dans le domaine de la vie sociale et collective, les chiffres sont indispensables à la cohérence et la régulation de la société (pensons à la standardisation des unités de mesure, ou à la fixation d’une heure officielle pour tous). Mais face à la prolifération des chiffres et leur emploi dans un but de comparaison et de compétition, Olivier Martin souhaite que nos sociétés s’interrogent sur ce qui sous-tend tous ces chiffres : au-delà de leur précision, que représentent-ils ? sur quelles conventions sont-ils construits ? quel est leur pouvoir dans le débat démocratique ? Dans cette plaidoirie, « les chiffres doivent redevenir les objets politiques qu’ils sont en réalité ».
Marque éditoriale : ANAMOSA
Collection : Le mot est faible
Actualités, Reportages
Public visé : Tout public
Texte en français
